Compte rendu de l'« Expérience de Traduction des Textes OHADAC » au Congrès de Pointe-à-Pitre, Guadeloupe des 21 et 22 septembre 2015
Publié le 06/11/2015, 15h30
Sylvie Monjean-Decaudin, Professeure de Droit spécialisée en traduction juridique à l'Université de CERGY PONTOISE - Directrice du Centre de Recherche Interdisciplinaire en Juritraductologie - CERIJE - (France) dont l'équipe a assuré la traduction des textes OHADAC a présenté, lors du congrès, « L'expérience de traduction des textes OHADAC ».
A titre introductif, elle a indiqué que la traduction juridique présente de plus en plus d'intérêt pour les scientifiques ce d'autant que la mondialisation amène de plus en plus à traduire le droit. Cela l'a menée à créer en France un champ disciplinaire dénommé « juritraductologie » qui s'était matérialisé, en 2012, par la création, sous forme associative, du Cerije (Centre de recherche interdisciplinaire en juritraductologie). Les 19 et 20 juin 2014, Cerije a tenu à la Maison de l'Unesco son premier colloque fondateur de la juritraductologie. Le centre développe ses activités autour de deux axes principaux :
- la recherche fondamentale qui porte sur le droit de la traduction et la traduction du droit
- la recherche appliquée qui est diffusée dans le cadre d'actions de formation continue (Comment traduire le droit ?),
Une troisième activité s'est ajoutée : la traduction de l'intégralité des textes OHADAC à vocation supranationale.
Dans une première partie de son exposé, elle a présenté « La juritraductologie ou l'étude de la théorie et de la pratique de la traduction juridique ». Elle a indiqué que comprendre les diverses fonctions de la traduction du droit et cerner les enjeux de la traduction dans le contexte de la mondialisation permet de pallier les besoins multiples de la communication en contexte juridique et de mieux traduire. L'élément d'extranéité peut engendrer la rencontre de deux langues et de deux droits dans le processus de traduction (l'une/l'un dit/e « source », l'autre dit/e « cible ») et la traduction remplit toujours une fonction spécifique, propre à la situation de communication dont elle émane.
Elle a exposé les trois fonctions de la traduction juridique, qui sert à :
- créer la norme
- appliquer la norme
- exposer/commenter la norme
Sur le plan méthodologique, elle a précisé que :
- par principe, la traduction est le reflet des textes sources, ce qui limite la marge de manœuvre du traducteur
- le degré de juridicité doit être évalué avant de traduire. Il se compose de deux éléments : le degré de technicité en droit du texte et les effets juridiques de la traduction.
Elle a rappelé que la traduction juridique était une traduction pragmatique et que concernant les textes OHADAC, la fonction de la traduction du corpus d'articles consistait à créer la norme.
Dans une seconde partie, elle abordait « L'expérience de traduction des textes OHADAC » et a indiqué qu'il s'agit d'une traduction verticale car elle porte sur un droit supranational négocié et créé entre les différents systèmes juridiques des Etats membres de l'Organisation à qui il est destiné. A l'inverse, lorsque la traduction est horizontale ou domestique, elle ne porte que sur le texte national à traduire dans la langue et le droit d'un autre Etat.
Si la traduction verticale caractérise les textes OHADAC, la neutralité et l'homogénéité rédactionnelles de ces textes doivent être rigoureusement respectées en vue de parvenir à une neutralité et homogénéité traductionnelles. Cela permettra de réduire les difficultés ayant été rencontrées, lors du transfert de sens de certains concepts juridiques entre l'espagnol, le français et l'anglais.
Elle en a conclu que la méthodologie de traduction suivie tout au long du travail de traduction des textes OHADAC, a démontré que l'opération « traduisante » du droit est le fruit d'un processus progressif mené étape par étape. Et afin d'améliorer la méthode suivie pour la traduction des textes, elle a proposé d'accompagner l'OHADAC dans une démarche de co-rédaction de ses textes dans les trois langues officielles.
Pour toute autre information, contactez :
Dr. Jean Alain Penda
Courriel : japenda@ohadac.com